Suisse : oui à l’abolition de la valeur locative, mais pas avant 2028
Oui à l’abolition de la valeur locative, mais pas avant 2028
Dimanche, après des années de débats et plusieurs rejets, les Suisses ont accepté l’abolition de la valeur locative à 57,7% des suffrages, et la mesure a été soutenue par la majorité des cantons. Cet impôt fictif est prélevé sur les propriétaires de logements et de maisons.
Répartition cantonale et périmètre
Dans les cantons romands, les résultats ont été majoritairement opposés à la réforme: Vaud a voté non à 63,8%, Genève à près de 66,1% non; Neuchâtel 61,6% et Jura 61,2% ont également rejeté le projet; Fribourg a dit non à 50,8%, dans un vote serré.
En Valais, le refus s’est établi à 60,3%, ce qui reflète des inquiétudes fiscales liées à la fiscalité des résidences secondaires. À l’inverse, plusieurs cantons de montagne ont largement dit oui à l’abolition. Obwald, Nidwald, les Grisons, Uri et le Tessin ont soutenu le changement de système, contre l’avis de la Conférence des cantons alpins.
Par ailleurs, tous les cantons alémaniques à l’exception de Bâle-Ville se sont montrés favorables. Le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures a enregistré le soutien le plus fort, avec 75,1% de oui.
Calendrier et implications fiscales
À noter: la suppression de la valeur locative n’entrera pas en vigueur avant 2028, a indiqué la ministre des Finances Karin Keller-Sutter, afin de laisser le temps nécessaire aux cantons de s’adapter. Elle a rappelé que cette abolition impliquera des pertes fiscales d’environ 400 millions de francs pour la Confédération et les cantons si les taux hypothécaires restent stables.
Réactions et lecture du secteur immobilier
L’UDC s’est dite satisfaite du oui à l’abolition, estimant qu’il s’agit d’une décision historique qui renforce la classe moyenne jusque-là frappée par cet impôt fictif.
À gauche, le PS juge que la suppression pèsera sur le pouvoir d’achat des locataires et de la classe moyenne et évoque des pertes fiscales d’environ 2 milliards de francs via des augmentations d’impôt; les Verts dénoncent une régression dans le tournant énergétique et des répercussions potentielles pour les mesures d’efficacité énergétique des bâtiments.
En Suisse romande, le rejet est plus marqué que dans d’autres régions.
Contexte et dispositif de la réforme
Conçue après sept ans de débat, la proposition vise à supprimer l’impôt sur le montant théorique que peut retirer un propriétaire s’il loue son logement, applicable aux résidences principales comme secondaires. En contrepartie, les intérêts de la dette hypothécaire et les frais d’entretien seront partiellement déductibles. Cette réforme entraînera des pertes pour les cantons, notamment ceux qui dépendent du tourisme; pour compenser, les Chambres avaient envisagé la création d’un impôt spécifique sur les résidences secondaires.
Réactions du secteur immobilier
Le Comité interpartis en faveur de l’abolition et l’Association suisse des propriétaires de logements HEV se félicitent du résultat, considérant qu’il supprime une taxe perçue comme injuste envers les propriétaires. HabitatDurable souligne l’énorme manque à gagner pour les cantons et la suppression des incitations à l’assainissement énergétique des bâtiments, alors que l’Association suisse des locataires déplore les conséquences du vote pour les locataires.
Pour en savoir plus sur les votations du 28 septembre 2025, consultez les contenus dédiés.