Crise politique française: le retour de Lecornu à Matignon alimente les analyses européennes
Crise politique française: le retour de Lecornu à Matignon alimente les analyses européennes
Malgré des réticences exprimées au sein de son camp, le président a finalement reconduit tard vendredi soir son Premier ministre désigné, Sébastien Lecornu, ouvrant un nouveau chapitre d’une période marquée par l’instabilité gouvernementale.
Le Financial Times évoque une fin du macronisme, affirmant qu’après une semaine de chaos, l’expérience centriste portée par Emmanuel Macron paraît toucher à sa fin, alors que la popularité du chef de l’État demeure faible.
Le quotidien espagnol El País parle d’un sentiment de fin de siècle, décrivant un dirigeant isolé et contesté au sein de son parti, coincé dans une spirale de déclin. Il rappelle que le profil du président — brillant technocrate, réformiste sans parti et banquier devenu chef de l’État — semble désormais dépassé et que le pouvoir s’accroche sans solution évidente.
Cette étape résonne avec le séisme politique provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024, qui avait donné lieu à une Chambre sans majorité et à une succession de quatre Premiers ministres en environ 18 mois.
Sébastien Lecornu, 39 ans, ancien ministre des Armées, avait démissionné lundi, seulement quatorze heures après avoir formé un gouvernement dont la composition avait ulcéré la droite, partenaire de la coalition. Vendredi soir, il a déclaré accepter de reprendre sa place à Matignon «par devoir».
Le choix, décrit comme sans précédent, intervient alors que la crise politique s’aggrave, selon The Guardian, qui met en évidence la pression exercée sur le Premier ministre pour constituer rapidement un gouvernement. Le budget 2026 doit être présenté dans un délai record, afin de respecter les 70 jours prévus par la Constitution pour son examen par le Parlement.
Avant sa transmission au Parlement, le texte doit toutefois passer par le Conseil des ministres. La formation gouvernementale demeure incertaine, deux ténors de la droite républicaine ayant refusé de prendre part au prochain exécutif.
Aucun dirigeant européen n’avait réagi publiquement samedi, mais les développements font l’objet d’un suivi attentif, dans l’espoir que l’instabilité ne bloque pas l’adoption du budget et les engagements internationaux, notamment en matière d’aide à l’Ukraine.
Dans le même temps, le Spiegel met en garde contre une spirale descendante et rappelle que l’instabilité politique française demeure source d’inquiétudes pour les partenaires de l’Union européenne et les créanciers, alors que la dette et la croissance restent des enjeux critiques.
La Banque centrale européenne, par la voix de Christine Lagarde, a souligné mardi que l’ensemble des institutions européennes observait l’évolution de la situation avec une attention particulière et l’espoir que des solutions respectent les engagements budgétaires internationaux. De son côté, Lecornu avait prévenu mercredi que le budget ne serait pas parfait et qu’il faudrait accepter des compromis pour atteindre les objectifs fixés.
La France demeure la deuxième économie de la zone euro, avec une dette estimée à 3 400 milliards d’euros, soit 115,6 % du PIB, et une croissance freinée par un niveau d’investissement prudent.