Sepsis : un enjeu méconnu mais mortel en Suisse, avec 4000 décès annuels

Une problématique encore sous-estimée : le nombre de décès liés au sepsis en Suisse
Chaque année, en Suisse, plus de 20 000 patients sont hospitalisés en raison d’un épisode de sepsis. Selon un rapport récent de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), cette réaction inflammatoire généralisée du corps reste encore peu connue, malgré sa gravité. Le sepsis est considéré comme une urgence vitale comparable à celles de l’infarctus ou de l’accident vasculaire cérébral, mais il demeure souvent mal identifié ou sous-estimé dans le système de santé national.
Un bilan de mortalité stable mais préoccupant
Les recherches menées conjointement par l’Hôpital pédiatrique universitaire de Zurich et des institutions universitaires de Lausanne et Bâle indiquent que le nombre de morts dues au sepsis en Suisse n’évolue pas significativement. Environ 4 000 patients décèdent chaque année dans le cadre d’un séjour hospitalier, et un tiers des patients âgés peinent à s’en remettre dans l’année suivant leur hospitalisation.
Selon le professeur Luregn Schlapbach, médecin spécialiste en soins intensifs, « les chiffres sont clairs : le sepsis constitue une menace majeure, avec des coûts humains et économiques considérables ».
Une crise économique et humaine à ne pas négliger
Sur le plan financier, la prise en charge du sepsis représente également un défi important. Environ 40 % des malades nécessitent une intervention en soins intensifs. Le coût moyen par cas hospitalier est estimé à 50 000 francs, ce qui, pour 20 000 cas par an, équivaut à une charge de près d’un milliard de francs chaque année pour la santé publique en Suisse. Ce chiffre pourrait doubler si l’on considère les dépenses liées au suivi médical, à la réadaptation, ainsi qu’au traitement des complications survenant dans les trois années qui suivent un épisode aigu.
Appel à une meilleure prise en charge du sepsis
Pr Luregn Schlapbach souligne la nécessité d’accorder une attention accrue à la détection, au traitement et au suivi des patients atteints de sepsis, afin de réduire leur mortalité et d’alléger le coût global de cette pathologie. « Le système de santé doit agir d’urgence pour mieux prévenir, diagnostiquer et traiter cette urgence vitale », insiste-t-il, en soulignant que la sensibilisation et la formation des professionnels de santé sont essentielles.
Différencier sepsis et septicémie : un point clef pour la compréhension
Le sepsis désigne une réaction inflammatoire systémique potentiellement grave, déclenchée par une infection virale, bactérienne ou fongique. Bien qu’il soit souvent associé à la septicémie, qui correspond à une infection généralisée du sang, il peut aussi résulter d’infections localisées telles qu’une péritonite, une méningite ou une pneumonie. L’évolution peut conduire à une défaillance d’organes ou à un choc septique, pouvant conduire au décès.
Particulièrement fréquent chez les personnes âgées — représentant plus des deux tiers des cas — le sepsis touche également les jeunes enfants, notamment ceux de moins de 5 ans et les nouveau-nés, rappelle encore l’OFSP. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette complication est responsable d’un décès sur cinq dans le monde chaque année.