Rio de Janeiro : loi sur la prime « Far-West » pour certains policiers et débats sur les droits humains
À Rio de Janeiro, les interventions policières restent soutenues, en particulier dans les favelas et les quartiers densément peuplés confrontés à l’influence du narcotrafic.
Contexte et portée de la mesure
L’Assemblée législative de l’État de Rio de Janeiro a adopté une loi ouvrant droit à une prime destinée à certains policiers lorsque leurs actions conduisent à la mort d’individus considérés comme criminels.
Cette mesure est fréquemment surnommée la « prime du Far-West ». Un dispositif similaire avait existé de 1995 à 1998, avant d’être abrogé en raison d’un accroissement des décès lors des interventions policières.
Le député fédéral de gauche Henrique Vieira, élu à Rio de Janeiro, a critiqué sur X cette initiative, estimant qu’elle « stimule la violence et transforme la mort en politique publique ».
Cadre institutionnel et mécanisme
La prime s’insère dans un projet de réforme de la police civile, chargée surtout des enquêtes, à l’opposé de la police militaire qui assume un rôle plus répressif.
Dans les années 1990, des agents de la police militaire avaient déjà droit à une prime similaire. Pour entrer en vigueur, le texte, approuvé mardi soir à une large majorité, doit être promulgué par le gouverneur Claudio Castro dans les quinze jours à venir ; Castro est un allié de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Modalités et risques potentiels
Le texte prévoit qu’un agent peut toucher une prime comprise entre 10 % et 150 % de son salaire, notamment lors de la saisie d’armes de gros calibre ou de situations entraînant la neutralisation de criminels.
Djeff Amadeus, avocat de l’Institut de défense de la population noire, a déclaré à l’AFP que « on risque de voir un massacre généralisé, perpétré par des policiers qui feront tout pour gagner davantage ». Il affirme que cette loi pourrait « ouvrir la porte à une extension de la prime à la police militaire et à d’autres corps des forces de l’ordre ».
Chiffres et contexte opérationnel
En 2024, 703 personnes ont perdu la vie lors d’interventions policières dans l’État de Rio, soit près de deux décès par jour selon les chiffres officiels. Ce total marque toutefois une baisse de 19 % par rapport à 2023 (871 décès).